LE BUFFLE
Les années s'écoulent en flots intarissables
Et le temps sur nous verse son sablier doré
Les DOUZE ANIMAUX, d'aucun de nous ignorés,
S'en vont et viennent , en cycles immuables.
Le BUFFLE gris succède au vieux RAT insatiable
Tractant son araire sans jamais se lasser :
Dans les sillons profonds derrière lui tracés,
Lévera le paddy, en fins plants repiquables.
Ainsi notre vie sur terre est à cette image ;
Ce don un jour reçu devant l'Eternité,
Il nous faut en prendre soin jusqu'au plus grand âge
Aussi longtemps que se dérouleront les ans,
Parmi nous tel le paddy, semons l'Amitié.
Et partout, sans cesse, repiquons-en les plants.

LA LEGENDE DU BUFFLE
Dans son parc, solitaire et l'aspect impavide,
Repose le BUFFLE au regard lointain et vide…
Sans doute poursuit-il quelque songe intérieur
Ayant trait à sa vie dans des temps antérieurs ?
Peut-être pense-t-il au jour où, du Maître des Cieux
Il reçut deux sachets remplis de grains précieux
Pour descendre ici-bas, avec mission spéciale
D'y semer de l'herbe et surtout des céréales.
Jour fatal pour lui car, dès qu'il vit notre Terre
Trop distrait par la beauté des sols et des mers,
Il vida, sans vérifier, l'un des sacs de graines
Et vit l'herbe envahir presque toutes nos plaines !
Ouvrant l'autre sac, il jeta d'une main preste
Ce qui aurait du être la manne céleste ;
Las! les endroits vierges encore étaient bien rares
Il ne put rattraper son tragique retard.
L'Empereur de Jade demeura ferme et froid,
Le changeant en buffle, il l'envoya cette fois
Sur terre pour réparer son étourderie
En aidant les hommes à cultiver le riz.
En souvenir de son passé lui reste encore,
Surmontant la masse imposante de son corps,
La paire de cornes d'étonnante envergure,
Pour rappeler sa mandarinale coiffure…
Ainsi, jusqu'à la fin des temps, Génie déchu,
Tu devras expier par un labeur continu
Une fâcheuse erreur… Est-ce à cela, dis-moi,
Que tu songes, avec ce regard plein d'émoi ?
Marie Thérèse NGUYEN AI CHUAN DEMARIAUX
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